L’absence de plaisir de la femme, frigidité ou anorgasmie ?
Voici une thématique encore assez taboue, non pas tant parce que ce serait difficile de parler de frigidité mais parce que ce mot nous renvoie à la honte : celle pour la femme de ne pas avoir le sentiment d’être ‘normale ». Le plaisir sexuel de la femme n’est pas une évidence pour toutes. La femme peut être tentée de se décourager, encore plus si on l’enferme dans un comportement. Pourtant, si le couple se met au travail, s’il accepte de sortir d’une certaine manière d’être en relation, la femme qui vit une absence de plaisir qu’on appelle frigidité ou anorgasmie peut s’en sortir !
La frigidité : parlons histoire
Frigidité pour les femmes et impuissance pour les hommes étaient autrefois deux types de dysfonction sexuelle répertoriés dans le DSM. DSM ? Savez-vous ce que c’est ? Ce n’est pas :
- la déclaration de situation mensuelle des Assédic ;
- un devoir sur machine, c’est-à-dire un travail scolaire réalisé sur une machine comme un ordinateur ;
- la Direction de la sécurité militaire, un service de renseignement militaire français.
Non, c’est le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), un manuel américain qui recense, décrit et classe depuis l’après-guerre les principaux troubles mentaux ou maladies psychologiques. Par conséquent, nous pouvons conclure que ce terme est ancien : il fait référence à une sexualité encore très taboue et bien méconnue. Les grands développements de la sexologie ont en effet été réalisés surtout à partir des années 1960. C’est donc un terme qu’on ne devrait plus employer parce qu’il nous fait croire des choses qui n’existent pas et qu’il est très enfermant pour la femme : il la stigmatise dans un comportement, lui faisant croire qu’elle ne pourra jamais en sortir, parce qu’il ferait partie de son identité.


Frigidité ou anorgasmie : l’absence de plaisir dans la relation sexuelle
Ce qui est positif, c’est de nommer une situation, une difficulté, un trouble. Le plus souvent, cela permet de poser des mots sur des symptômes qui peuvent inquiéter. Cela aide également à être soulagé d’avoir un diagnostic : c’est cela, c’est-à-dire que ce n’est pas tout le reste, tout ce qu’on a pu imaginer en particulier lorsqu’on peut être anxieux. Ce soulagement est une bonne chose !
Le côté plus négatif serait de croire à l’aspect définitif de la chose. Ce serait de s’enfermer dans un trouble, comme s’il faisait partie de notre identité. On dit bien – ou on le pense – « je suis frigide » ou bien « je suis impuissant ». Comme toutes les étiquettes que nous nous collons sur le dos ou bien que nous nous laissons coller, elles viennent entraver notre capacité à évoluer, à changer, à être en mouvement ! Mais si on élargit le sujet, est-ce que par exemple les personnes timides existent ? Je ne crois pas ! Il y a des gens qui peuvent être intimidés dans telle ou telle situation, mais pas en permanence. Même chose pour les personnes dites « colériques » : il y a certaines remarques ou événements qui peuvent nous mettre en colère mais plus quelqu’un est dit colérique, plus il se donnera le droit de se mettre en colère et de le manifester le plus souvent avec violence ! Les étiquettes nous enferment, elles nous font croire qu’elles relèvent de notre identité, mais ce n’est pas le cas !
Frigidité ou anorgasmie : précisons encore
Les mots qui nous permettent de penser et de nous exprimer ont tellement d’impact ! Je nous invite à être particulièrement attentifs à ceux que nous utilisons, pour prendre soin de nous et de notre entourage.
Le mot « frigidité » n’est pas terrible : comment ne pas enfermer une femme en lui laissant entendre qu’elle serait froide, comme un glaçon, sexuellement parlant ? Le grand risque de faire croire à une femme qu’elle est frigide, c’est de l’emprisonner dans son trouble et d’encourager celui-ci à perdurer. La frigidité n’est pas une identité, c’est un trouble.
Aujourd’hui, même si ce terme est encore bien présent dans l’imaginaire collectif – et c’est la raison pour laquelle je vous en parle – on utilise désormais le mot « anorgasmie », pour désigner la difficulté de la femme à vivre le plaisir dans toute son intensité. Et vous constatez comme moi que c’est beaucoup moins dramatique.


Le plaisir de la femme : une infinité de possibilités
Nous confondons souvent plaisir et orgasme de nos jours. Sans orgasme, n’y aurait-il pas de plaisir ? Je crois important de nous rappeler que le plaisir a de multiples intensités. Parfois, nous pouvons avoir envie d’une très grande intensité, un haut niveau de vibration. Parfois non, nous aurons envie d’une relation plus tendre, plus douce. Le plaisir est en lien avec la relation qui se tisse entre les amants mais aussi de notre réceptivité au moment présent, c’est-à-dire de notre capacité à savourer ce qu’il y a de bon à vivre dans la rencontre. L’intensité du plaisir est multiple, ses couleurs le sont aussi.
Frigidité ou anorgasmie : où en êtes-vous ?
Vous trouverez ci-dessous un questionnaire pour prendre la mesure de ce que vous vivez en termes de plaisir dans votre sexualité. Peut-être serez-vous surprise par le résultat !
A lire également
Inscription newsletter