Plaisir et pornographie sont-ils compatibles ?
À l’ère du numérique et de la diffusion en masse de films pornographiques, peut-on associer systématiquement plaisir et pornographie ? Quel impact les films pornos ont-ils sur le plaisir sexuel de la femme, sur celui de l’homme ? Il est parfois encouragé de regarder des films pornos pour stimuler le désir, retrouver la libido. Qu’en est-il réellement ? La pornographie stimule-t-elle le plaisir ou l’abîme-t-elle ?
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De plus en plus de femmes regardent des films pornos
De plus en plus de femmes regardent des films pornographiques. C’est devenu complètement commun dans les jeunes générations et de plus en plus pratiqués chez les autres. Pourtant, nous nous inquiétons de l’impact que les films pornos peuvent avoir sur les jeunes. Qu’en est-il pour les adultes ? Sommes-nous moins sensibles ou plus capables de faire la part des choses que lorsque nous avions 15 ans ?
Par ailleurs, visionner des films pornographiques est souvent vu comme le signe d’une sexualité décomplexée. Avouer au contraire ne pas en regarder pourrait paraitre étrange ou annoncer le signe d’un blocage avec la sexualité. Certains sexologues envisagent ces films pornos comme une expérience positive pour leurs patients. Qu’en est-il ?
Les films pornographiques : le sexe avant la relation
En s’intéressant aux détails et en utilisant sans cesse les zooms, les films pornographiques nous plongent dans le sexe de la femme ou de l’homme. On va ainsi voir un sein, une fesse, un pénis, une vulve. Se faisant, ces films mettent en avant le sexe plutôt que la relation. Or, dans l’expression « relation sexuelle », ce qui vient en premier est le mot « relation ». On suppose donc que ce qui prime pour l’épanouissement des partenaires, c’est d’être en relation : non seulement les sexes sont en relation, mais aussi les coeurs et les êtres tout entiers. En nous faisant croire, que l’essentiel se trouve dans le va-et-vient de nos sexes, les films pornos nous font oublier la dimension relationnelle de la rencontre sexuelle. Les préliminaires sont pourtant bien utiles pour permettre aux conjoints de se retrouver et de créer un « espace de résonance commun ». Un espace de résonance, cela suppose d’entrer en relation avec l’autre, pour se mettre sur la même longueur d’ondes. Cela suppose également de vivre l’altérité, de pouvoir regarder l’autre dans les yeux, regarder ce qui se passe en termes d’émotions et de sensations. C’est tout cela qui va contribuer au plaisir des partenaires dans la relation sexuelle. Il me semble donc, de ce point de vue, que les films pornographiques ne nous aident pas.
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Le porno, une éducation pour nos jeunes ?
Comme les adultes, les jeunes sont aussi touchés par l’engouement pour les films pornos. Quel impact cela peut-il avoir sur ce qu’ils perçoivent de la sexualité et ce qu’ils envisagent pour leurs propres relations sexuelles ? Je rencontre trop de jeunes adultes qui n’ont eu, pour répondre à leurs questions, que ce qu’ils ont trouvé sur le net. Mais que dire d’une éducation sexuelle qui se résument à des images en mouvement, sans développement d’une pensée qui permet d’élaborer, de s’approprier et de prendre du recul sur des concepts et des expériences ? Comment alors faire autre chose que ce qui a été vu à l’écran, alors même que chacun sait combien les comportements sont réducteurs et stéréotypés ? La plupart anonnce haut et fort qu’elle a conscience que ce qui se passe à l’écran n’est pas la réalité mais le corps lui dit tout autre chose : ce qui est vu crée une excitation bien réelle et c’est cela qui est retenu !
Sensualité VS plaisir et pornographie
Les films pornographiques s’attachent à aller droit au but, dans une volonté de message efficace : il n’est pas question d’érotisme mais bien plutôt de génitalité, c’est-à-dire que la caméra se concentre sur les organes sexuels. Elle va droit au but, oubliant que ce qui nourrit l’érotisme et donc l’excitation entre deux personnes, est ce qui est propre à la sensualité. La manière dont nous entrons en relation, dont nos sens s’éveillent par la rencontre de l’autre n’est pas le sujet de ces films. Seuls comptent nos organes sexuels, occupant l’écran avec un nombre infini de zoom qui nous donnent une image déformée de notre corps et peuvent instiller une certaine pression jusque dans notre intimité. Par ailleurs, en s’intéressant uniquement aux organes sexuels, les films pornos nous font oublier que nous avons des zones érogènes dans tout notre corps et que potentiellement, celui-ci peut-être source d’excitation dans son entièreté. Tout notre corps est potentiellement érogène. Plus nous sommes curieux de découvrir les différentes zones de notre plaisir, plus nous nous développons notre ressenti et plus nous ouvrons la porte au plaisir. C’est justement à l’inverse que nous invitent les films pornos : réduire le plaisir à nos seuls organes sexuels.
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Plaisir et pornographie : qu’en est-il de notre imaginaire érotique ?
Avec l’afflux des images que nous propose la pornographie, notre imaginaire érotique se réduit d’autant : cet imaginaire se construit depuis notre enfance de toutes nos sensations, perceptions, curiosités, lectures, rencontres, etc, il est d’une très grande richesse et avant tout, d’une grande singularité. Chacun a le sien propre, résultat de son histoire et de ses expériences, de sa sensibilité et de son imagination. Or, les images des films pornos viennent envahir peu à peu notre cerveau et prendre le pas sur notre imaginaire érotique. Ce qui était profondément singulier devient commun et bien pauvre puisque stéréotypé. On s’en tient à des grands standards. C’est donc moins de plaisir !
La pornographie : vers un plaisir standardisé
En réduisant notre sexualité à l’histoire d’un pénis qui entre dans un vagin et qui fait quelques va-et-vient, les films pornographiques donnent l’impression que le sexe se pratique partout de la même façon et selon le même tempo. Ils veulent nous faire croire que la relation sexuelle se limite à faire entrer un pénis dans un vagin. N’est-ce pas réducteur ? L’histoire elle-même est alors tellement pauvre que cela oblige les réalisateurs à élaborer des scénarii un peu poussés : une mère noël, une infirmière sans culotte, etc. Imaginez un instant si on retirait toutes ces mises en scène ! Que resterait-il ? Nous avons au contraire, dans notre sexualité, autant qu’ailleurs, besoin de nous sentir uniques et besoin de sentir que ce que nous vivons est unique.
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Plaisir et pornographie : ce que nous pouvons retenir
Avoir une relation sexuelle, c’est un peu comme partir en voyage : la destination est connue, mais l’itinéraire peut être différent, selon les jours. Ce qui fera tout la richesse de votre périple, c’est le sentiment que vous vivez ce qui vous correspond, plutôt que de passer par des chemins encombrés par tous ceux qui les empruntent aussi. Ouvrir la porte à notre singularité, nous laisser porter à la fois par notre sensualité et par notre imaginaire érotique nous ouvrent les portes du plaisir. En nous donnant au contraire le sentiment que nos relations sexuelles n’ont rien de particulier, qu’elles se réduisent à la rencontre de deux organes sexuels, les films pornographiques oublient ce qui nourrit notre plaisir et nous en privent plus qu’ils augmentent notre jouissance.
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